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René Cassin

mercredi 29 août 2018, par K. Desnost

« Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’Homme seront violés en quelque partie du monde », dira le juriste français René Cassin à l’annonce de son prix Nobel de la paix en 1968. A travers lui, l’apport essentiel de la France aura résidé dans l’humanité et l’universalité de ce texte historique.


René CASSIN est né à Bayonne le 5 octobre 1887.

Licencié en droit et es-lettres (Histoire) en 1908, il s’inscrit au barreau de Paris en 1909. Il obtient en 1914 un doctorat en sciences juridiques, économiques et politiques.

Mobilisé en 1915, et parallèlement à sa carrière d’enseignant, il se préoccupe particulièrement des difficultés des victimes de guerre. En 1918, il est nommé président de la Commission de contrôle qui travaille sur le droit aux réparations.

Chargé de cours à la faculté d’Aix-en-Provence, puis professeur agrégé à Lille et en 1929, professeur de droit civil à Paris, René CASSIN conduit entre 1925 et 1939 des missions universitaires en Europe, au Moyen Orient, en Extrême Orient et en Afrique française. Il devient à partir de 1924 membre de la délégation française à l’Assemblée de la Société des Nations.

René CASSIN s’embarque pour l’Angleterre le 19 juin 1940. Il est reçu par le général de Gaulle qui lui confie la rédaction de la charte stipulant la reconnaissance par les Alliés des Forces françaises libres. Il devient le conseiller juridique et diplomatique du chef de la France libre. En qualité de chef des Services français de Londres, René CASSIN contribue à doter la France libre de structures juridiques et administratives propres à assurer la continuité de l’État et de la République. Il assume également la responsabilité du Commissariat national à la justice et à l’instruction publique.

Dès 1943, à Alger et plus tard en France, c’est à la préparation de nouvelles institutions républicaines et à la restauration d’un État de droit que René CASSIN emploie son énergie.

Il est successivement président du comité juridique du Gouvernement provisoire et président de la Commission à l’Assemblée consultative. Il participe ainsi à l’élaboration des grandes ordonnances de 1944-1945 et à la création de l’École nationale d’administration en 1945, qu’il préside pendant 16 ans. Il joue également un rôle essentiel à la tête du Conseil d’État de 1944 à 1960, dont il assume la vice-présidence.

Il contribue à la création des institutions de la Ve République. Il concourt à l’élaboration du projet aboutissant à la constitution de 1958. Il joue parallèlement un rôle déterminant dans la mise en place du Conseil constitutionnel, dont il est membre de 1960 à 1971.

Dès avant 1945, sont posés les premiers jalons qui conduiront aux actions entreprises en faveur des Droits de l’homme. Il place alors leur respect "comme un but essentiel des sacrifices consentis", convaincu de "la nécessité d’établir toute paix future" sur leurs bases.

C’est au sein de l’organisation des Nations Unies, fondée en 1945, qu’il se consacre au combat animant désormais sa vie. Il y crée la Commission des Droits de l’homme en 1946, qu’il préside lui-même entre 1954 et 1956. Il devient le principal artisan du projet de Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948. Complétant celle de 1789, elle incorpore de nouveaux droits tels que ceux du travail, mais aussi des droits économiques, sociaux et culturels. Désormais universelle, "elle s’applique à tous les êtres humains sans discrimination aucune...et à tous les territoires".

L’une des applications pratiques de cette déclaration est la création, en 1959, d’une Cour européenne des Droits de l’homme, dont René CASSIN assume la présidence jusqu’en 1968. il fonde en 1969 l’Institut international des Droits de l’homme à Strasbourg.

Son action internationale en faveur de la dignité humaine est couronnée par le Prix Nobel de la paix, décerné le 10 octobre 1968.

Meurt le 20 février 1976. Ses cendres sont déposées au Panthéon.